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Point de vue
 

Profession gypsier


C’est évidemment leur gagne-pain mais le retour au gypse vise aussi le maintien d’une ancienne pratique : la fabrication artisanale de plâtre. Les enfants d’El Hadjira, petite daïra reculée, à 100 km au nord de Ouargla, se battent tous les jours pour ça. Ils bravent dénuement et canicule. Les jeunes entament à l’aube leur journée de labeur en plein mois d’août. Visages basanés, traits rudes, ils continuent d’exercer un métier que nous croyions disparu et qui renaît de ses cendres par le seul pouvoir de leur volonté. Ainsi, une trentaine de fours artisanaux font vivre une centaine de familles de la localité. Les familles des gypsiers. Leur production n’est pas quantifiée, mais grâce à ses gisements souterrains, El Hadjira permet à ses habitants de bénéficier encore d’habitations en matériaux locaux. Les carrières de gypse naturel sont très nombreuses dans la région et les gypsiers doivent parcourir un long chemin pour extraire cette pierre naturelle sous forme de roches sédimentaires. « Un climat rude et une nature hostile, tel est notre lot, et c’est ce qui nous fait tels que nous sommes », raconte l’un deux.

La fabrication du plâtre proprement dite nécessite plusieurs étapes explique Mohamed : « Un périple de trois jours nous mène à une soixantaine de kilomètres au nord. Le plus difficile est l’extraction du gypse avec des moyens rudimentaires. » Les gisements étant à ciel ouvert, les carrières sont exposées à un soleil de plomb du matin au crépuscule. Acheminé depuis la carrière à l’aide de simple carrioles, le gypse subit un concassage artisanal afin de réduire la dimension de ses grains et de le débarrasser d’éventuels déchets. Il est ensuite stocké et mélangé dans un local couvert et sera ensuite au fur et à mesure conduit dans un four artisanal où il sera cuit grâce au bois sec collecté à quinze kilomètres du village. Ensuite, vient le tour des préposés à l’allumage et à l’entretien du feu. C’est eux qui avaient auparavant aménagé les sites existants. « Des restaurations étaient nécessaires mais la “construction’’ de nouveaux fours a permis d’augmenter la capacité de cuisson », explique un membre du groupe

Procédure de fabrication du plâtre

Des demi-cercles sont creusés dans des buttes circulaires. Des voûtes en pierre sont ensuite bâties. Les plus grosses sont situées au plus près du foyer, car elles sont plus longues à cuire. Elles assurent aussi l’équilibre du four lors de la chauffe. Les interstices entre les pierres permettent l’évacuation des fumées, assurent le tirage du foyer mais dégagent une chaleur qui rend la tâche plus pénible d’autant plus que de vieux pneus sont utilisés pour entretenir le feu. C’est une chaleur intenable mais indispensable car le gypse est chauffé à une température entre 150° et 200°C pendant 24 à 48 h selon la quantité placée dans le four, décrivent les gypsiers. Les fours ne sont pas placés au niveau des carrières, ce qui devrait pourtant leur faciliter la tâche. « L’éloignement et la fragilité des sites rendent le transport inévitable puisqu’il nous est impossible de nous installer », témoigne l’un deux. L’autre raison de cette organisation est de rapprocher la production des centres de vie vu la pauvreté des moyens. L’été est en effet la période d’activité par excellence des gypsiers, puisque les congés sont propices aux touizas pour la construction. « Ezzebche » tel que désigné par ses fabricants a longtemps fait l’objet d’un usage traditionnel et individuel pour l’habitat local, d’ailleurs, nettement reconnaissable à la couleur rose du plâtre dit « tibchemt » chez les berbères de la région. Le bâti local reste en effet le témoin vivant des pratiques anciennes de fabrication de ce matériau et également un style architectural et de vie. Les maisons, du moins celles autoconstruites, ont préservé leur aspect d’antan. Même dans une région rurale telle qu’El Hadjira, la fabrication ancienne du plâtre à partir du gypse commençait à disparaître alors que la commune possède de vastes carrières. Les maisons, régulièrement chaulées d’un blanc virant à la couleur sable d’antan, le sont de moins en moins à cause de la dégradation des habitations et la perte des habitudes. C’est pour cela que le retour des gypsiers est somme toute une sauvegarde de cette tradition.

Par Houria Alioua, journal "EL WATAN", Algérie, 17/08/2004
 
 
 
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